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Pierre Reverdy


Pierre Reverdy

   TRAITS ET FIGURES


  Une éclaircie avec du bleu dans le ciel; dans la forêt des clairières toutes vertes; mais dans la ville où le dessin nous emprisonne, l'arc de cercle du porche, les carrés de fenêtres, les losanges des toits.      Des lignes, rien que des lignes, pour la commodité des bâtisses humaines.      Dans ma têtes des lignes, rien que des lignes; si je pouvais y mettre un peu d'ordre seulement.

OUTLINES AND FIGURES

     A sky blue opening; a sweep of forest green; but in the town  (a model prison!) the portal's arch, square windows, & diamond-shaped roofs.      The garish city comforts of lines, and more lines.      In my head, lines and nothing but lines. Oh, to put them in some kind of order. L'AIR MEURTRI

     Il fait si chaud que l'air vibre et que tout bruit devient assourdissant. Des meutes de chiens féroces aboient. Par les fenêtres ouvertes, les cris des femmes rivalisent avec cette fanfare barbare.      Le froid a de la peine à geler ces paroles. Si les oiseaux se taisaient, si les femmes se taisaient, si les chiens étaient mors . . .Un moment les jardins sont calmes et tout s'endort; mais bientôt le terrible bruit recommence. Ce sont les appels du soleil et chacun y répond avec exubérance. Quelques êtres muets qu'on accable ne peuvent protester ni se venger. Le bruit souverain les opprime.      Dans les fumées, par-dessus les toits qui s'en préservent seuls, j'aurais fait tournoyer ma tête comme un grelot sans pois au bout d'une ficelle. La vitesse ouatée jusqu'aux nuages et permettre au ruisseau de murmurer tout seul!      Le ciel est descendu, on a refermé les fenêtres et les bouches sont closes. Après la chute des feuilles les oiseaux même n'osent plus gazouiller. Il fait si froid.      L'hiver c'est l'intervalle du silence.

DEADLY AIR

     The air vibrates, it's so hot and any noise wears you down. Packs of ferocious dogs are barking. Through the open windows, cries of women to rival the inhuman clamour outside.      The cold can scarcely freeze my words. If only the birds and women kept quiet, and the dogs were dead. . . Gardens are still only momentarily and everything's asleep; but again the noises start up, terrible. . . Day summons & everyone responds with exuberance. It'd depress you to see how helpless some mute beings are to protest or take revenge. The deadly reign of noise.      In the smoke above the sheltered rooftops, I'd have let my head spin like a silent bell still tied to its string—quiet swiftness to the clouds— and the streams murmur alone!      The heavens descended with the silencing of windows and voices. After the leaves fall even the birds won't prattle anymore. It's so cold.      Winter comes before the silence.

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